GIEE Agriculture Durable en Boischaut Sud

Santé des troupeaux et biodiversité des prairies

Un GIEE est un groupe d’intérêt économique et environnemental labélisé pour avancer en collectif vers la transition agroécologique des fermes.

Le GIEE Agriculture Durable en Boischaut Sud (ADBS), composé à l’origine de 15 fermes, a été reconnu en août 2020 suite à un an d’émergence. Pour mettre en œuvre son plan d’actions, il est animé par l’ADAR-CIVAM qui bénéficie de subventions de l’Europe (FEADER) et du Ministère de l’Agriculture (CASDAR).

   

Première phase d’animation (2020-2022)

I – OBJECTIFS

Les membres de ce GIEE se situent sur le territoire du Boischaut Sud de l’Indre qui se caractérise par un paysage bocager, avec des parcellaires morcelés, une forte présence de haies et une grande diversité de types de sols, ce qui oriente majoritairement les productions locales vers de la polyculture élevage, voire poly-élevage. Ils portent tous une attention particulière à leur environnement et souhaitent reconcevoir de façon systémique leur ferme en agriculture durable, économe et autonome. Les agriculteurs de ce groupe ont ainsi déjà plus ou moins concrètement entamé une transition agroécologique de façon individuelle et sur des thématiques et/ou volets de leur ferme ciblés (santé animale, TCS, autonomie alimentaire, etc.). Ces 16 agriculteurs et agricultrices ont souhaité s’allier en collectif via le GIEE pour progresser davantage sur l’agriculture durable en Boischaut Sud en se formant, en expérimentant et en diffusant à un large public des pratiques répondant à une triple performance : économique, environnementale et sociale. 

Leurs objectifs sont d’améliorer la performance économique de leurs exploitations via la réduction des charges opérationnelles, de réduire l’empreinte environnementale de leurs activités et de préserver la biodiversité, et de mettre en place une dynamique de « mieux-être » au travail sur leur ferme.

 

II – MISE EN ŒUVRE

Afin de répondre à ces objectifs globaux, différentes thématiques de travail ont été initialement retenues :

  • Performance économique : les alternatives à l’utilisation des produits phytosanitaires et engrais minéraux, l’autonomie alimentaire via le développement de culture de légumineuses grains (en pur ou méteil) ou fourrages (luzerne, sainfoin etc.), le pâturage tournant, les partenariats entre céréaliers et éleveurs, techniques alternatives de soin aux animaux
  • Performance environnementale : le bilan carbone des exploitations, les pratiques de bonne gestion de la vie des sols, les pratiques de bonne gestion des infrastructures agroécologiques (haies et ripisylves), la reconnaissance et la préservation de la flore des prairies naturelles
  • Performance sociale : la reconnaissance des indicateurs de mal-être, la prise en compte du bien-être au travail dans les choix de gestion de la ferme

Pour s’approprier ces thèmes, les membres du GIEE se sont donné une méthode en 5 étapes : 

  • Axe 1. Evaluer : Faire un état des lieux des pratiques et de la durabilité des fermes du groupe. 
    • 9 diagnostics carbone et diagnostics agriculture durable ont été réalisés. 
    • 3 diagnostics agroécologiques.
  • Axe 2. Se former : Se former et échanger entre pairs pour permettre une transition agroécologique facilitée. 
    • 11,5 journées de formations ont été réalisées
  • Axe 3. Tester : Tester en individuel ou à plusieurs pour acquérir des repères et construire des références grâce aux analyses
    • 4 essais d’ensemencement de prairie à partir de récolte de semences de prairie naturelle locale
    • 4 essais d’enrichissement de la biodiversité prairiale par apport de fumier 
    • 2 essais de culture de méteils
    • 7 analyses de sol, 6 analyses de foin, 2 analyses d’ensilage, 3 analyses de céréales, 3 analyses de poils  
    • 1 abreuvoir et 2 descentes aménagées 
    • 1 méthode d’autodiagnostic des prairies testée deux années de suite
  • Axe 4. Progresser : Changer ses pratiques, sa façon de faire et de penser son travail pour plus de durabilité
    • 1 rencontre 
    • 1 tour de plaine 
    • 1 visite collective d’un élevage
    • 2 voyages d’étude
  • Axe 5. Communiquer : Communiquer : Témoigner sur les changements de pratiques pour sensibiliser les citoyens à la transition agroécologique
    • 1 rencontre avec les citoyens
    • 3 panneaux de présentation de ferme
    • 1 visite de ferme avec des scolaires

Toutes les thématiques ont été abordées, mais toutes n’ont pas pu être creusées autant que prévu dans ce projet par un manque de temps renforcé par la phase de crise sanitaire qui a beaucoup limité les rencontres. Le choix a été fait à la moitié du projet de recentrer les actions sur les questions de biodiversité dans les prairies et de techniques alternatives de soin aux animaux.

III – RÉSULTATS

-> Contactez l’animatrice du groupe si vous êtes intéressé-e par les résultats : vermotfevre.adar.bs@gmail.com

 

IV – BILAN

Actions Points forts Points faibles
Axe 1. Evaluer  Travail de diagnostic très précis qui a permis aux agriculteurs d’avoir un état des lieux complet de leur ferme et d’avoir des arguments pour échanger avec d’autres. 

Résultats encourageant : 36% des émissions nettes compensées en moyenne contre 30% au national

Difficultés à trouver des leviers pour inverser la tendance à l’émission de carbone des fermes d’élevages.
Axe 2. Se former  De nombreuses formations proposées aux agriculteurs, qui leur permettent de connaître plusieurs pratiques alternatives et de se les approprier.

Échanges entre pairs qui permet le transfert de connaissances et la mutualisation de pratiques plus vertueuses sur les fermes.

Très grand nombre de thématiques demandées par les agriculteurs et donc impossibilité de toutes les traiter. Beaucoup de journées hors de la ferme qui ont un peu freiné la participation des agriculteurs.
Axe 3. Tester Mettre en place des nouvelles pratiques “à petite échelle” sans risquer la rentabilité de la ferme ou d’une production. Possibilité de tester la même pratique sur plusieurs fermes pour l’adapter au mieux ensuite.

Possibilité de mettre en place des tests selon les envies des agriculteurs et avec l’appui de collègues (chantiers participatifs).

Difficultés parfois à observer les résultats sur la temporalité du projet (trop court). Difficultés à mobiliser l’ensemble du groupe sur tous les essais ce qui s’est traduit par peu de participants pour certains chantiers.
Axe 4. Progresser  La force du collectif permet de remettre en question ses pratiques et donne le courage d’essayer de nouvelles choses. L’approche transversale et donc le questionnement de plusieurs thématiques sur les fermes est enrichissant mais demande du temps pour une progression sur plusieurs fronts en même temps.
Axe 5. Communiquer  Ouverture des agriculteurs à d’autres publics.

Occasion de valoriser le métier d’agriculteur et d’avoir de la reconnaissance. 

Sensibilisation du grand public à l’agriculture durable.

La crise sanitaire a beaucoup freiné cette partie du projet. 

Difficultés à se comprendre avec le grand public qui montre la nécessité de renforcer le lien citoyen-producteur..

 

Deuxième phase d’animation (2022-2024)

Fin 2022, le GIEE entame un second plan d’actions sur deux thématiques principales : La santé des troupeaux et la diversité des prairies.

C’est maintenant 17 éleveurs et éleveuses qui font partie du GIEE et vont pouvoir échanger, partager et se former sur les techniques “de soins naturels” aux animaux (homéopathie, aromathérapie, etc) tout en approfondissant leur connaissances et essais sur leurs prairies. Une attention sera toujours portée aux prairies naturelles, leur conduite et leurs intérêts mais des actions seront aussi menées sur la culture de prairies temporaires adaptées aux besoins de la ferme et des animaux. Des actions porteront également sur l’élément central qui relie ces deux thématiques : l’alimentation des animaux. Des vétérinaires et botanistes continueront d’accompagner le groupe pour les aider à avancer dans leur réflexion en plus des temps d’échanges entre pairs.