Grandes cultures économes et autonomes

Groupe DEPHY

 

Le groupe travaillant sur les grandes cultures autonomes et économes fait partie du réseau national DEPHY. Ce dernier vise à réduire et améliorer l’usage des produits phytosanitaires via un travail en collectif et un accompagnement individuel. Le groupe vise ainsi à faire évoluer les systèmes d’exploitation vers plus d’économie en intrants, notamment en produits phytosanitaires, en fonction du contexte et des objectifs de chacun et chacune.

La première préoccupation du groupe est la maîtrise de l’enherbement des parcelles. En effet, la pression des graminées pose problème dans la majorité des systèmes de cultures du groupe, avec des problèmes de résistances et des coûts de désherbage toujours plus élevés. De plus, certains agriculteurs s’inquiètent de leur dépendance à l’utilisation de glyphosate et souhaiteraient diminuer leur recours à cet herbicide, du fait de la pression sociétale et d’une éventuelle interdiction.

 

La deuxième problématique du groupe est de retrouver une vie biologique importante dans leurs sols afin d’améliorer la fertilité de ces derniers.

La troisième problématique du groupe est de raisonner les insecticides sur les cultures gourmandes en produits phytosanitaires (colza, pois) et sur les céréales pour réguler les pucerons.

Ces problématiques se posent dans un contexte climatique changeant. Les agriculteurs du groupe ont observé les 5 dernières années une forte variation de la répartition annuelle des précipitations, entrainant de grandes difficultés pour faire lever du colza et des couverts en été, et interrogeant sur l’avenir des cultures de printemps sur des sols avec peu de réserve utile. À ce contexte climatique incertain s’ajoute la volatilité des prix des intrants et des produits agricoles. Le revenu des agriculteurs est donc fluctuant, ce qui pose un problème pour la pérennité des exploitations.

 

L’objectif général des agriculteurs du groupe est de s’assurer un revenu satisfaisant en limitant son impact environnemental. Il s’agit donc d’augmenter ou de maintenir les marges des systèmes de production tout en diminuant l’usage de produit phytosanitaire. Pour y parvenir, les agriculteurs visent :

  • une maîtrise de l’enherbement des parcelles en diminuant les herbicides
  • une gestion satisfaisante des ravageurs tout en diminuant les insecticides
  • une amélioration de la fertilité des sols.

Le groupe a également comme objectif de communiquer auprès du grand public sur le métier d’agriculteur et la réduction de produits phytosanitaires, au-delà des actions de transfert vers d’autres agriculteurs.

 

Pour gérer l’enherbement des parcelles tout en réduisant l’IFT herbicides, plusieurs leviers sont identifiés dans le projet de groupe. En premier lieu, l’allongement et la diversification de la rotation, avec une alternance de plusieurs cultures de printemps et d’automne, est un levier reconnu pour gérer les adventices. Il est cependant long à mettre en place et peut se heurter au manque de débouchés rentables. Ces freins au changement font l’objet d’un accompagnement par le CIVAM du Carroir, hors du groupe DEPHY. Les membres du groupe souhaitent continuer à explorer cette voie, en profitant de l’expérience des membres historiques. Ensuite, la mise en place de couverts constitue un levier pour concurrencer les adventices. Cette concurrence est d’autant plus efficace quand il s’agit de couverts vivants pluriannuels, qui entrent dans une logique d’abandon du travail du sol sur plusieurs années. Enfin, de manière complémentaire à ces démarches de re-conception, des leviers de substitution sont envisagés : désherbage mécanique (herse étrille et binage) et rouleau Faca.

Pour améliorer la fertilité (biologique, physique et chimique) des sols, deux axes de travail sont privilégiés. D’abord la diminution du travail du sol. Ce levier est partagé par tous les membres du groupe mais peut se traduire par un arrêt du labour systématique ou une diminution du labour, comme à un passage en semis direct selon les systèmes. Ensuite la couverture du sol au maximum par les couverts, qui apporte également de la matière organique au sol. Cela implique un travail important sur l’implantation des couverts. En effet, les sécheresses estivales compromettent souvent leur levée. Leur composition et leur gestion est aussi à travailler pour qu’ils puissent créer un maximum de biomasse, améliorer la structure et la fertilité chimique du sol, sans concurrencer la culture s’il s’agit de couverts vivants. La fertilité des sols contribue à une meilleure nutrition et un meilleur état de santé des cultures. Cela permet de diminuer l’utilisation d’insecticides et de fongicides.

Plusieurs membres « expérimentés » ont des IFT insecticides inférieurs à l’IFT insecticide référence de 40%, notamment en raison du travail du groupe sur ce sujet depuis de nombreuses années. Il s’agit d’agriculteurs ayant acquis le réflexe d’observer la présence d’auxiliaires et de ravageurs dans leurs parcelles. De plus, ils ont mis en place des mélanges variétaux sur la plupart de leurs cultures. Lors des tours de plaine et des bilans de campagne, leur gestion des ravageurs sera mise en avant (observation des cultures, étude des itinéraires techniques) pour travailler sur les freins techniques et psychologiques des autres membres du groupe concernant la réduction des IFT insecticides.

Une piste de substitution aux produits phytosanitaires classiques hors herbicides que le groupe souhaiterait étudier sont les produits de biocontrôle au sens large : produits commerciaux ou fabriqués à la ferme (macération, thé de compost oxygéné, sucre, etc). Un travail de veille sera mis en place par l’IR pour informer les membres du groupe sur les publications scientifiques attestant d’une éventuelle efficacité, pouvant donner lieu ensuite à des formations.

Quelques membres souhaitent diminuer voire arrêter les traitements semences. Ce thème sera abordé lors des tours de plaine chez les agriculteurs concernés.

 

Ce projet de groupe s’ancre dans une logique de re-conception des systèmes de cultures, pour réussir à diminuer l’usage des produits phytosanitaires et à augmenter la fertilité des sols. Il vise une plus grande résilience économique des systèmes de culture : diminution des charges et maintien des marges en se reposant d’avantage sur les mécanismes biologiques de l’agroécosystème.

Plus d’infos sur la page du groupe DEPHY : https://ecophytopic.fr/groupe-dephy-du-carroir-grandes-cultures-economes-en-champagne-berrichonne