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campagnes
vivantes

Elevage de veaux en plein air sous vaches nourrices

En France, la viande de veau que l’on retrouve dans nos assiettes provient en grande majorité de la filière agro-industrielle hors-sol. Les éleveurs et éleveuses du réseau des Civam, attachés à une agriculture durable et à l’autonomie de décision sur leurs fermes, ont à coeur de montrer que d’autres modes d’élevages sont possibles : respectueux de l’environnement, du bien-être animal et viable économiquement. Pour une alimentation saine et durable, accessible à tous et toutes : récit d’une expérimentation !

« La clé de l’agriculture durable pour les élevages d’herbivores, c’est que les animaux pâturent de l’herbe. Malheureusement ce qui apparaît comme une évidence devient un mode d’élevage de plus en plus rare. » Franck, éleveur laitier & membre du réseau des Civam

Des pratiques agro-industrielles encore largement majoritaires

Aujourd’hui 85% du veau français est issu de filières industrielles et d’ateliers dits spécialisés. Ces ateliers reçoivent les veaux 15 jours après leur naissance, et les élèvent à la poudre de lait et diverses aliments solides pendant 6-7 mois environ sans accès extérieur. 
Pour les éleveurs laitiers du réseau des Civam, cela posait un souci d’éthique, de bien-être animal, de cohérence et d’autonomie de leurs modes de production. En 2019, Réseau Civam a donc initié une réflexion sur le devenir des veaux mâles issus des élevages laitiers herbagers.

« Voir des veaux aller dans des filières d’engraissement industrielles, où leur alimentation est composée de poudre de lait et de compléments destinés à les engraisser comme notamment du soja importé d’Amérique… Pour les éleveurs de notre réseau, c’était complètement incohérent par rapport à leurs valeurs. » 

Expérimenter… Et montrer qu’une autre manière de faire est possible

Une dizaine d’éleveurs, de vaches laitières et de vaches à viande (vache allaitante), de Mayenne et d’Ille-et-Vilaine, se sont regroupés pour réfléchir à une alternative à la filière classique. Ils expérimentent depuis deux ans un nouveau mode d’élevage : l’élevage de veaux en plein air sous vaches nourrices. 

Comment ça marche ? Différentes formules sont expérimentées : sur des fermes laitières, certaines vaches élèvent leurs veaux au pâturage et adoptent en plus le veau d’une autre vache que les éleveurs laitiers continuent à traire. Sur les fermes à vaches allaitantes, les éleveurs, quant à eux, achètent des vaches laitières initialement destinées à l’abattoir et leur font adopter des veaux achetés chez des voisins laitiers.

Les veaux mangent quoi ? Les veaux tètent le lait de leur mère ou de leur «nourrice» tout en pâturant l’herbe des prairies dès leur premier mois et jusqu’à ce qu’ils quittent la ferme. Ils ne reçoivent aucun autre aliment, juste du lait entier et de l’herbe fraîche qui donne sa couleur rosée à la viande. L’engraissement au pâturage des animaux destinés à produire de la viande est un réel choix à contre-courant des standards actuels qui conduisent à produire de la viande essentiellement en bâtiment à base d’aliments importés, dans une logique de rendement rapide.

« Pour moi, un veau heureux, c’est un veau qu’on peut voir courir le matin à la rosée au premier rayon du soleil, s’étendre de tout son long sans stress » explique Germain, l’un des éleveurs engagés dans cette expérimentation. « La santé du sol, la santé de la plante, la santé de l’animal et la santé des humains, c’est la même boucle. On peut préserver la biodiversité et produire. On peut avoir du bien-être animal et produire. Pour moi, on peut faire les deux ! »

Des réflexions largement partagées par les plus de 8000 adhérents du réseau des Civam, qui ont à cœur de produire selon les principes de l’Agriculture Durable.

  • Des fermes viables économiquement, plus autonomes et dégageant des revenus décents pour toutes celles et ceux qui y travaillent.
  • Des fermes équitables socialement, ancrées sur leurs territoires, qui protègent le pouvoir de décision des paysans et paysannes et leur qualité de vie, qui assurent la transmissibilité des exploitations et le maintien de l’emploi agricole ; mais également l’accessibilité à une alimentation saine et de qualité pour tous.
  • Des fermes saines pour l’environnement qui préservent la fertilité des sols, la biodiversité, les paysages, la qualité de l’air et de l’eau.

La nécessaire mobilisation des acteurs et des consommateurs

Pour que de telles initiatives soient viables économiquement et transposables dans d’autres fermes, il faut pouvoir embarquer les différents acteurs de la filière, et travailler sur les débouchés commerciaux. C’est bien l’objet de cette expérimentation, lancée actuellement à petite échelle :  80 veaux élevés en 2025 seront commercialisés chez Monoprix cet automne et par la coopérative du Pré vert en Nouvelle Aquitaine.
Différents partenaires et acteurs ont ainsi pris part à cette expérimentation : le Civam Bio 53 et ses éleveurs, Pour Une Agriculture du Vivant (PADV) et différents acteurs de la transformation et de la distribution.

« L’idée est de créer des données techniques, économiques, sociales et environnementale. Dans le but de convaincre d’autres éleveurs qui souhaiteraient rejoindre cette démarche éthique. Prouver que c’est faisable, qu’il existe un débouché et que ça répond à une demande du consom’acteur. Le tout pouvant être vivable, viable économiquement et en améliorant notre environnement. » Franck, éleveur laitier & membre du réseau des Civam

C’est également un changement pour le consommateur ! La majeure partie des citoyens et citoyennes sont habitués à une viande issue des filières industrielles « classique » où la viande de veau est blanche : une viande de veau à l’herbe est rosée, signe d’une alimentation équilibrée ! Lorsque le consommateur non averti est seul devant le rayon boucherie en grande surface, comment le sensibiliser ?  En complément de l’affichage en magasin, les éleveurs qui participent à cette expérimentation se sont mobilisés auprès des bouchers dans les magasins.

 

 

La sensibilisation, le dialogue et l’échange avec le grand public fait partie de l’ADN du réseau des Civam :
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