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Avec la Sécurité sociale de l’alimentation on fait basculer l’économie par l’alimentation

“Que viendrait selon vous résoudre l’instauration d’une sécurité sociale de l’alimentation ?” C’est la question que pose la Mission Agrobiosciences-INRAE et à laquelle des administrateurs et des salariés membres du Réseau CIVAM ont collectivement tenté de répondre. Si la sécurité sociale de l’alimentation apporte des réponses aux enjeux d’accès à l’alimentation et serait probablement un levier efficace d’accélération de la transition agricole et alimentaire, son ambition est supérieure : elle viendrait corriger l’absence de démocratie dans le système alimentaire

“Cela crée une planification de fait. On sort d’un fonctionnement en silo entre le monde agricole d’un côté et les citoyens de l’autre“ explique Nicolas Verzotti, maraîcher dans le Vaucluse et administrateur de Réseau Civam.

“Sur le terrain, on a du mal à stabiliser un modèle économique pour les dispositifs de solidarité alimentaire. On a aussi de fortes inégalités entre des territoires riches d’initiatives d’accès à l’alimentation et les autres. La SSA viendrait nous sortir de ces problèmes” complète Camille Villajos, salariée de la FD Civam Gard.


“La SSA a une logique de système. Cela permet de mieux penser l’installation de nouveaux paysans car on identifie plus clairement les besoins et donc on sait quoi produire”
 argumente François Alban du Civam Finistère.

“Avec la SSA on fait basculer l’économie par l’alimentation” s’enthousiasme Marie Lafitte, salariée à l’Alpad, association qui regroupe des paysans landais.


“On sort de la stigmatisation des personnes bénéficiaires et les agriculteurs vertueux auront des débouchés plus assurés”
 espère Claude Mur, administrateur de la FD Civam Gard.

Questionnez des paysans et salariés des Civam sur ce que viendrait résoudre la sécurité sociale de l’alimentation (SSA) et vous obtiendrez beaucoup de réponses. De fait, si la SSA, ne se revendique comme pas LA solution magique à tous les maux de notre système alimentaire – et on sait qu’ils sont nombreux – elle viendrait en corriger certains.

Le projet de recherche-action Accessible mené par les Civam a par exemple mis en évidence certaines limites de notre système alimentaire. À la stigmatisation des personnes aidées pour accéder à l’alimentation et à la dualisation des modèles agricoles et alimentaires, la SSA répond universalité. À l’alimentation comme variable d’ajustement de budgets précarisés, la SSA répond sanctuarisation pour toutes et tous d’un budget alimentaire. À l’importance d’une alimentation choisie et au défaut de planification de l’agriculture, la SSA propose le conventionnement démocratique et en connaissance de cause des lieux de distribution et des professionnels.

Néanmoins, la SSA – et là est toute sa force – n’est pas qu’une simple proposition visant à corriger à la marge un système alimentaire dominant. Il s’agit d’une proposition visant à organiser démocratiquement le système alimentaire et à garantir un droit à l’alimentation. Deux éléments structurants à l’heure où le marché détermine en grande partie ce que nous avons – ou n’avons pas – dans nos assiettes et ce que nous produisons dans nos fermes et comment nous le produisons.

Dans les Civam, nous contribuons à la transition vers une agriculture durable. Or, d’une agriculture durable à un système alimentaire durable il y a plusieurs pas. Un système alimentaire durable nécessite que toutes et tous aient accès aux produits et qu’ils puissent exprimer leurs avis sur ce qui doit être produit et comment. Autrement dit, pour construire un système alimentaire durable, il faut démocratiser le système alimentaire. Démocratiser au sens de rendre accessible à toutes et tous une alimentation choisie. Mais aussi et surtout démocratiser le système alimentaire au sens premier du terme, c’est-à-dire l’organiser selon des principes favorisant la démocratie et ainsi bousculer les rapports de force en son sein.

Si la sécurité sociale de l’alimentation comme institution permettant d’organiser démocratiquement le système alimentaire tente d’apporter des réponses à de nombreuses questions, elle en ouvre aussi beaucoup d’autres. Quelle autonomie décisionnelle des paysans dans un modèle conventionné ? Quelle propriété des moyens de la production agricole et en premier lieu du foncier ? Comment construire la connaissance des causes avec les paysans ? Plus que le seul accès à l’alimentation, la SSA inviterait les paysans et paysannes à interroger la notion de propriété, de capital, d’usufruit et des enjeux de l’imbrication de leur outil de travail avec leur patrimoine. Autrement dit, la démocratie alimentaire serait une bonne entrée pour (ré)ouvrir la réflexion et le débat sur les communs et leurs avantages.

Des réflexions auxquelles les Civam, en tant que mouvement paysan et rural de développement agricole et d’éducation populaire peuvent apporter leurs contributions !

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