Pour des
campagnes
vivantes

Les systèmes pâturants offrent une voie d’avenir aux fermes laitières et à leur transmission

L’analyse des différences de résultats 2019 entre les systèmes pâturants* des fermes CIVAM et la moyenne des fermes laitières du Grand Ouest représentée par le RICA (Réseau d’Information Comptable Agricole) met en évidence une différence de stratégie économique : produire de la richesse pour rémunérer du travail ou capitaliser pour produire du volume. Alors que 50 % des éleveurs et des éleveuses cesseront leur activité dans les 15 prochaines années, ces stratégies ont des impacts déterminants sur l’avenir des systèmes laitiers, la transition agro-écologique et le développement de campagnes vivantes.

Stratégie « volume » : un secteur laitier dos au mur

La dynamique globale des systèmes laitiers se caractérise par une forte production, permise par des consommations importantes : cette stratégie « volume » rend les fermes très dépendantes des fluctuations des prix et de plus en plus capitalisées. Elle impacte l’environnement et interroge le travail des éleveurs et des éleveuses qui les pilotent. Cette tendance à l’agrandissement pose aussi une forte problématique pour la reprise des fermes, tant sur le poids économique des outils à reprendre que sur l’attractivité du métier, d’autant plus par des publics non issus du milieu agricole.

Stratégie « valeur ajoutée » : une alternative créatrice de richesse et d’emplois

A contre-courant, les systèmes pâturants dégagent plus de richesse en utilisant moins d’intrants** et de moyens de production : c’est la stratégie « valeur ajoutée ». Avec 137 000 L de lait vendu en moins, une ferme pâturante non bio dégage en moyenne 24 366 € de Résultat Courant par actif, soit 3 000 € de plus que la moyenne RICA (+15%). Au final, il y a 125 € de Résultat Social*** en plus par hectare et 3 actifs agricoles en plus pour 10 km2.

Au cœur de l’efficacité : plus de pâturage pour plus d’agronomie !

Au-delà de leur assolement herbager, c’est avant tout en mettant le pâturage au cœur de l’alimentation du troupeau (55%) que ces systèmes produisent en consommant moins, et sont donc plus efficaces économiquement.
Plus de prairies et de haies, ce sont des rotations plus longues, moins d’adventices, de maladies, plus d’azote capté par les légumineuses ; des herbivores qui pâturent, « barre de coupe à l’avant, épandeur à l’arrière », c’est moins de tracteur et de stockage. Au final, les systèmes pâturants consomment moins, achètent moins et délocalisent moins d’impacts sur des surfaces extérieures à la ferme, car ils sont plus agronomiques !

Des systèmes plus attractifs pour l’installation

Les systèmes pâturants dégagent de la richesse avec moins de produits. Ils nécessitent donc moins de terres, de bâtiments et de matériels pour assurer une viabilité économique. Avec un capital d’exploitation plus faible et plus efficace pour rémunérer du travail, ces systèmes sont financièrement et économiquement plus attractifs pour des repreneurs !

Une opportunité pour renouveler la population agricole et opérer la transition agro-écologique

L’attractivité des systèmes pâturants montre que l’installation en lait est bien une voie d’avenir, que ce soit en reprenant une ferme herbagère ou en développant à l’installation un système pâturant sur une ferme conventionnelle.
Il est donc primordial que tous les éleveurs et éleveuses considèrent leur ferme transmissible, car en y développant des systèmes pâturants on pourra y installer de nombreux agriculteurs et agricultrices ! Si la transmission des fermes laitières est une urgence, on peut aussi considérer que c’est une opportunité pour la transition agro-écologique ! Aux pouvoirs publics de s’en emparer !

 

Retrouvez l’étude dans son intégralité (décembre 2021)



* Systèmes pâturants de l’étude : systèmes de production économe et autonome qui valorisent au maximum l’herbe pâturée : maïs dans la surface fourragère < 20 %, 194 jours en moyenne de ration 100 % pâturage.
** Réduction des charges : 2 fois moins de concentrés pour nourrir les animaux, 50 € de coût alimentaire en moins aux 1000 L, et par hectare : 67 % d’économie d’engrais, 73 % d’économie de phytos et 226 € de coût de mécanisation en moins.
*** Résultat social : il mesure le résultat permettant de : 1. Rémunérer tout le travail, exploitant et salarié (rémunérations et cotisations sociales) ; 2. Assurer la santé financière de l’exploitation (réduire l’endettement).

________________________________________

Les CIVAM en Bref
Les CIVAM (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) sont des groupes d’agriculteurs·rices et de ruraux qui travaillent de manière collective à la transition agro-écologique. C’est un réseau de 150 associations, qui regroupent 13 000 agriculteurs·rices et emploient 250 animateurs.rices en 2020. Les CIVAM agissent pour une agriculture plus économe et autonome, une alimentation relocalisée au cœur des territoires et des politiques agricoles, pour l’accueil de nouvelles populations et pour la préservation des ressources.
Leur mission : animer et accompagner les projets collectifs et durables qui contribuent à dynamiser le tissu socio-économique rural. Ils développent des initiatives, testent de nouvelles pratiques et proposent des méthodes d’actions basées sur la transmission des expériences de terrain, l’apprentissage entre pairs et la coopération à l’échelle locale et nationale.

Contact presse
Romain DIEULOT, animateur Réseau CIVAM : romain.dieulot@civam.org / 02 99 77 39 24

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