Les bénéfices des cultures associées
Trois ans d’expérimentations viennent de démontrer les multiples intérêts de la culture en associations d’espèces. Un programme de recherche participative, porté avec succès par le CIVAM du Châtelleraudais qui a reçu le « Grand prix de la démarche collective » des Trophées de l’Agro-écologie 2019.

RECHERCHE PARTICIPATIVE & ASSOCIATIONS DE CULTURES EN AGRO-ÉCOLOGIE
Porté par le Civam du Chatelleraudais, dans le cadre de l’appel à projets Mobilisation collective pour l’agro-écologie du CasDar*, le projet APACh (Association de Plantes en Agroécologie dans le Châtelleraudais) a mobilisé de nombreux partenaires autour de son programme de recherche participative sur les associations de plantes céréales-protéagineux, mélanges variétaux de blés, colza associé et prairies multi-espèces.
- Des partenaires techniques : le CNRS, l’Université de Poitiers, la MFR de Chauvigny, Cultivons la Biodiversité, Lycée Agricole de Thuré (86),
- Des prestataires scientifiques : les laboratoires Ecologie Evolution Symbiose (EES), Ecologie et Biologie des Interactions (EBI), ITAB, INRA, ….
- Et des partenaires financiers en plus du ministère de l’agriculture : la Fondation Liséa, l’Agence de l’Eau Loire Bretagne et la Réserve Parlementaire de Véronique Massonneau,
Les objectifs du collectif étaient d’initier une réflexion sur les associations de cultures et de produire des données issues d’essais en ferme.
Le programme APACh s’est focalisé sur les intérêts des associations de plantes en termes d’utilisation des ressources du sol, de résistance aux bio-agresseurs, d’impacts sur la vie du sol, de biodiversité et de qualité agronomique, nutritionnelle, technologique et gustative. Au total 39 modalités ont fait l’objet de suivis sur 8 fermes, avec des associations de différentes espèces, différentes variétés, à différentes densités et des témoins en culture pure.
PRODUCTIVITÉ +++
Les rendements de chaque culture associées ont été comparées à ceux de ces mêmes cultures cultivées en pur. Dans un contexte d’agriculture biologique, les associations céréales-protéagineux binaires ont des rendements équivalents à celui du blé en pur. Les associations céréales-protéagineux multiples ont quant à eux des rendements supérieurs ou équivalents à ceux du blé pur.
Cependant, les analyses ont montré que dans la vaste majorité des essais, les associations permettent de produire plus de céréales et de protéagineux que si on avait cultivé ces mêmes espèces en pur. Selon les mesures effectuées dans le cadre du projet APACH, il faudrait cultiver en pur plus d’une fois la surface cultivée en mélange pour obtenir la même production (entre 5 et 40 % de surface en plus selon les années et les mélanges). De plus les résultats montrent qu’en cas d’aléas climatiques, les associations céréales-protéagineux complexes (plus de 2 espèces différentes) assurent un rendement supérieur.
«Sur les associations, je ne peux qu’affirmer que c’est un plus agronomique et économique non négligeable. Souvent les agriculteurs se mettent des freins sur la technique alors qu’au final c’est sûrement l’aspect le plus simple à régler, des solutions existent ! Si les coopératives bloquent encore pour les céréales-protéagineux, d’autant plus en conventionnel, il faut se tourner vers des éleveurs. Après pour le colza associé, il n’y a aucun problème technique ou de filière, c’est que des plus ! » Philippe, agriculteur en Châtelleraudais
MICROCLIMAT POUR MACROFAUNE
D’autres observations ont été réalisées, notamment sur la biodiversité de la macrofaune du sol. Sur les 3 ans, les essais céréales/protéagineux ont la macrofaune la plus diversifiée. Ils ont le meilleur équilibre faunistique pour les 5 espèces et familles étudiées (cloportes, araignées, carabes, lombrics et fourmis). En effet, les légumineuses maintiennent mieux l’humidité du sol que les graminées. Elles sont favorables aux cloportes et aux carabes grâce à une hauteur de végétation en strates.
MOINS DE MALADIES
Et en matière de maîtrise des bioagresseurs les associations céréales-protéagineux sont également bien placées. En moyenne, les maladies fongiques impactent moins les cultures associées que les cultures pures. Par exemple en 2016, il y a moins de septoriose et de rouille brune (respectivement -20% et -15%) sur les mélanges céréales-protéagineux que sur les cultures pures.
« Finalement faire des associations, c’est l’idée de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ! Mettre plusieurs espèces dans un champ, ça permet de laisser au sol le choix des espèces les plus adaptées. Sur des sols plus difficiles, c’est un vrai avantage ! » Luc, agriculteur en Châtelleraudais
L’étude fait également ressortir l’impact des mycorhizes.
PAYSANS ET CHERCHEURS AUTOUR DE L’INTÉRÊT DES CULTURES ASSOCIÉES
* Compte d’Affectation Spécial Développement Agricole et Rural du Ministère de l’agriculture (CASDAR).