Des accompagnements adaptés aux « nouveaux » publics
Les porteurs et porteuses de projet accueilli·es par les CIVAM appartiennent en grande partie à ce qu’on appelle les « nouveaux publics » : des personnes plus âgées, souvent non issues du milieu agricole, et parmi lesquelles les femmes sont de plus en plus nombreuses. Cette tendance déjà pressentie se confirme avec les données de l’Observatoire, et s’observe également dans d’autres réseaux du Pôle InPact.
Les CIVAM proposent des accompagnements adaptés à ces publics. En privilégiant un accompagnement humain sur le long terme, consacré à la phase d’émergence, ils permettent de passer de l’idée au projet, réalisable et en adéquation avec les aspirations des porteurs et porteuses de projet. Cet accompagnement s’inscrit par ailleurs en complémentarité avec d’autres structures telles que Terre de Liens ou l’ADEAR.
Ces accompagnements CIVAM jouent un rôle social essentiel, car ces « nouveaux publics » constituent le vivier le plus important de candidat·es à l’installation. En 2017, 62% des 21 000 personnes qui se sont présentées à un PAI (Point Accueil Installation) étaient des NIMA (Non Issu·es du Monde Agricole) – sans compter celles qui se sont installées sans passer par un PAI. Accompagner ces publics représente donc un enjeu majeur pour répondre au défi du renouvellement des générations : dans les dix prochaines années, la moitié des agriculteurs et agricultrices atteindront l’âge légal de la retraite.
Des projets durables et ancrés dans les territoires
Une augmentation du nombre d’actifs agricoles est indispensable à la transition agroécologique. En facilitant l’accès des « nouveaux » publics à l’activité agricole, les CIVAM contribuent à répondre à cet enjeu. Cela prend d’autant plus de sens car les recherches sur les profils des NIMA et des HCF (Hors Cadre Familial) font ressortir des préoccupations fortes liées à l’urgence climatique et à l’effondrement de la biodiversité. D’après le Conseil Économique Social et Environnemental, deux tiers des profils HCF souhaiteraient s’installer en bio au niveau national.
L’observatoire démontre que les accompagnements CIVAM permettent à ces aspirations de se concrétiser. Les installé·es passé·es par les CIVAM s’installent davantage en agriculture biologique et en circuit court que la moyenne nationale, contribuant positivement à leurs territoires. Ils et elles sont également nombreux à diversifier leurs productions et leurs activités avec le développement d’ateliers secondaires et d’activités de transformation, de vente et d’accueil, ce qui renforce leur insertion dans l’économie locale (pour aller plus loin : L’utilité sociale des installations agricoles et rurales accompagnées par les CIVAM).
Accompagner la transmission
Comme vu précédemment, le renouvellement des générations agricoles constitue, avec la transition agroécologique, l’un des plus grands défis auquel fait face l’agriculture française. Pour y répondre, il faut évidemment installer de nouveaux agriculteurs et agricultrices, mais aussi transmettre pour éviter que les terres soient cédées pour l’agrandissement. Au niveau national, un tiers des exploitant·es de plus de 60 ans n’ont pas identifié de repreneur·se.
On estime qu’il faut dans l’idéal 10 ans pour anticiper sereinement la transmission de sa ferme. Les chiffres de l’observatoire soulignent la nécessité d’améliorer davantage le repérage anticipé des cédant·es et la sensibilisation des paysan·nes à la transmissibilité de leurs fermes.
Par ailleurs, on remarque également que de nombreux·ses cédant·es ont eu une carrière relativement courte. Faciliter les transmissions permet donc aux agriculteur·ices de gagner en mobilité professionnelle et de faciliter des parcours de vie diversifiés.
Grâce notamment à l’accompagnement des CIVAM, la restructuration s’est imposée comme un outil central de la transmission. L’Observatoire montre que les fermes à céder ne sont pas toujours compatibles avec les projets d’installation. Il est parfois nécessaire d’accorder ces projets avec les systèmes existants, mais il est aussi possible de restructurer les fermes pour améliorer leur transmissibilité. De plus en plus de cédant·es se montrent prêt·es à considérer cette option (pour aller plus loin : Restructurer pour mieux transmettre).
Un observatoire CIVAM, et ensuite ?
La majorité des groupes ayant participé aux deux premières éditions de l’Observatoire CIVAM, permises par un financement du WWF, ont souhaité poursuivre la collecte de données après la fin de ce financement pour préparer une édition 2026.
Parallèlement, en coopération avec de nombreux partenaires membres d’InPACT, le Réseau CIVAM co-coordonne avec la FADEAR un projet ambitieux « Comptons-nous » qui vise à construire à l’échelle nationale un observatoire centré sur les accompagnements à l’installation des structures associatives de l’agriculture paysanne. Ce projet permettra de faire reconnaitre et valoriser la contribution de nos structures au renouvellement des générations, ainsi que la spécificité et la complémentarité de nos accompagnements.
Consulter L’Observatoire des accompagnements à l’installation et à la transmission
Pour plus d’informations : Félix TUCHAIS – Coordinateur installation-transmission, agroécologie et plaidoyer – felix.tuchais@civam.org.