En l’espace de dix ans (2010-2020), près de 20 % des exploitations agricoles françaises ont disparu. Le nombre de chefs d’exploitation décline de manière similaire (près de 15 % de départs au cours de la décennie).

L’enjeu de ces départs n’est pas à minimiser. Chacun doit prendre conscience de l’impact des non-transmissions sur les territoires ruraux et périurbains, tout autant qu’au niveau national : agrandissement, capitalisation, perte d’emploi, désertification rurale, agriculture non résiliente face au changement climatique.

Agriculteurs, organisations professionnelles agricoles, collectivités, citoyens, tous les acteurs de la transmission ont aujourd’hui une responsabilité pour convaincre les agriculteurs de leur entourage de l’importance de transmettre. Ainsi, nos territoires seront le reflet d’une vraie transition agricole au service d’une économie sociale et environnementale.

Infographie issue des travaux du CIVAM 35 IT et de Réseau CIVAM, avec le soutien du WWF France 

La transmission, un sujet tabou ?
Les éléments qui peuvent faire de la transmission un sujet “tabou” sont multiples :

• Aspect psychologique : Être paysan.ne, ce n’est pas un simple métier, c’est un projet personnel. Le voir arriver à son terme nécessite une introspection pour trouver ce qui va donner sens dans sa vie, après la ferme. Travailler sur son projet de retraite ou sur sa prochaine activité peut être une porte d’entrée pour aborder la transmission.
• Aspect professionnel : Il est parfois difficile, après des années de labeur à construire son outil de travail et son projet de ferme, de voir quelqu’un.e débarquer avec des envies, un rapport au travail, à l’animal, à la clientèle, différents, et des projets qui risquent de transformer la ferme. Transmettre signifie se sentir prêt à accepter des changements sur la ferme, à ne plus se mêler de son orientation.
• Le lieu de vie : La ferme est souvent le lieu de vie des paysan.ne.s. Transmettre sa ferme peut signifier également changer d’environnement, laisser sa maison d’habitation. Quand certain.e.s choisissent de rester, d’autres préfèrent ne pas voir de trop près ce qui se passe sur la ferme.
• Aspect financier : Bien souvent les retraites, trop faibles, poussent les paysan.ne.s à voir dans la vente de leur ferme un complément économique. Or, le prix de vente correspond rarement aux capacités de reprise des porteurs de projets, il est alors tentant d’accepter les offres attrayantes de voisin.e.s pour vendre ses terres et garder sa maison.
• Les temporalités de la transmission : Trouver la bonne personne peut prendre du temps. Lorsqu’un.e paysan.ne décide de transmettre, il se peut que la personne qui souhaite reprendre ne soit pas prête. L’installation et la transmission sont deux processus imbriqués et à la fois très différents, à accompagner de manière distincte.

Tous ces aspects font de la transmission un projet en soi, à mûrir lentement. Si les paysan.ne.s se trouvent isolé.e.s dans ce cheminement, il n’est pas rare qu’ielles préfèrent céder leur ferme à un.e voisin.e, pour simplifier le processus.

• Qui voudra de ma ferme ?
• Ne serait-il pas plus sur de vendre aux voisins?
• Suis-je seul.e dans ma transmission ?
• ….

Retrouvez au travers de cette vidéo réalisée différents témoignages, points de vue et réflexions autour de cet enjeux central qu’est la transmission agricole.